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Un savoir-être
Ainhoa Agirreazaldegi (arg. S. Dabadie)
Le bertsulari se présente sans fard, dans une tenue de tous les jours
(pas de costume spécial ou de soin vestimentaire particulier), sa présence
scénique est généralement dépourvue de tout effet.
Les mains derrière le dos ou dans les poches, le geste n’accompagne que très
rarement la parole, la voix elle-même n’est souvent pas très belle !
Pourtant la pratique de l’improvisation suppose un talent qui n’est pas
commun. Le bertsulari doit posséder une mémoire prodigieuse, une vaste
culture dans le domaine de la chanson, le sens du rythme, une confiance en
soi et en ses facultés créatrices, auxquels s’ajoute un esprit d’à propos
qui permet une grande vitesse d’exécution.
Tout cela s'acquiert avec un sens de l’effort certain.
On peut naître bertsulari, posséder les qualités innées indispensables,
mais on devient bon bertsulari...par le travail.
De l'origine sociale
des bertsularis
Le sens de l'image et de l'à-propos
Une remarquable mémoire
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Les guides
Des bertsularis vous accompagnent dans ce site. Au cours de votre
visite : cliquez sur leurs portraits pour découvrir leurs commentaires.
Xalbador
"J’ai déjà dit le désir que je ressentais de devenir improvisateur, mais
je m’en sentais bien incapable. Cela est tellement vrai que je n’essayais
jamais d’élaborer le moindre couplet, même lorsque je me trouvais seul, cela
ne me venait même pas à l’esprit.
J’avais entendu quelques uns de mes amis raconter que dans les auberges,
certains s’affrontaient par le biais de couplets versifiés ; et qu’à leur
écoute, ils riaient de bon coeur.
A l’époque, je ne fréquentais pas encore les auberges. Une année, au
deuxième jour des fêtes du village, j’avais convenu avec mon ami de toujours
Lorentzo Tolosa que nous irions tous les deux au bal, le soir même. Le bal
devait se dérouler devant l’auberge Angelesainea.
Ce dont je me souviens, c’est que juste au moment où nous allions partir,
nous remarquâmes quatre ou cinq hommes qui improvisaient dans la cuisine de
l’auberge. Lorentzo et moi, nous les observions depuis la fenêtre".
Amets Arzallus
"Tout d’abord, l’improvisateur doit bien maîtriser l’euskara. Il doit
avoir un niveau qui lui permette de jouer avec la langue, car dans la
plupart des improvisations, c’est cela qui marque l’originalité et la
qualité de raisonnement de l’improvisateur.
Ensuite, il faut ressentir du plaisir : si vous n’avez pas de plaisir,
vous n’apprendrez pas. Et puis je crois qu’il faut “quelque chose” en plus.
Dans le domaine du sport, si vous n’avez pas la base physique dès le départ,
vous pouvez acquérir une grande technique, mais vous ne parviendrez jamais à
un certain niveau. De même, dans le domaine de l’improvisation, vous devez
avoir ce “déclic”, cette capacité à donner aux choses une tournure
personnelle.
Certains donneront le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils traiteront un sujet
en profondeur, ils lui apporteront une dimension lyrique. D’autres sont
inégalables lorsqu’ils interviennent dans le registre de l’humour.
Chacun donnera à son improvisation sa personnalité propre. Cela requiert
des qualités particulières"
Sustrai Colina
"Le bertsulari doit bien maîtriser la langue et surtout aimer jouer
avec les mots. Pas seulement lorsqu’il improvise, mais cela doit devenir une
façon de vivre. Il faut également savoir composer avec les gens.
Lorsque vous allez dans un village, la plupart du temps vous ne
connaissez personne : vous allez pourtant devoir trouver des sujets de
conversation pour discuter avec des gens que vous ne connaissez absolument
pas, et cela n’est pas toujours évident. Mais cela procure une grande
ouverture. En plus, vous êtes moins que les autres car les autres sont sur
leur terrain. Cela aussi est très enrichissant.
Mais je pense qu’aujourd’hui n’importe qui peut apprendre à improviser
dans une école d’improvisation. C’est un travail très mécanique. Si un
enfant de dix ans vient au cours d’improvisation, et si le professeur n’est
pas trop nul, au bout d’un an l’enfant aura appris à chanter un « zortziko
ttiki », c’est prouvé. Cela ne signifie pas pour autant qu’il sera
bertsolari.
Pour devenir bertsolari, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte :
l’amour que vous portent les gens, le charisme que vous pouvez avoir, la
chance aussi, et la passion que vous éprouvez pour cette discipline"
Miren Artetxe
"Un jour, quelqu’un a demandé à Uztapide si on naissait bertsolari, ou si
on le devenait. Et il a répondu : la moindre des choses est de naître
d’abord. Il avait raison.
Nous avons tous certaines qualités au départ, et d’autres que nous
n’avons pas. Pour composer une improvisation, il faut bien maîtriser la
langue, avoir un minimum d’éloquence, et une capacité à s’exprimer. Cela
s’apprend.
Globalement, l’improvisateur doit être une personne honnête, parce qu’il
est un personnage public, et que l’improvisation n’est pas une profession.
Cela peut-être une source de revenus, mais moi, je ne voudrais pas que
l’improvisation soit une profession. Je crois que l’on ne doit pas arriver à
un certain niveau de professionnalisation"
Patxi Iriart
"L’improvisation n’est pas une affaire de don, c’est une question de
pratique. L’improvisateur, avant tout, doit maîtriser l’euskara.
Il doit aussi avoir de l’humour, et il est vrai que tous les
improvisateurs, ou presque, en ont. Il doit également être capable de
chanter des vers émouvants, de façon à toucher les gens. On a surtour
recours aux improvisations émouvantes à l’occasion des championnats, mais
l’humour reste le plus important.
Dans l’histoire de l’improvisation, les sujets ont beaucoup évolué.
Autrefois on chantait surtout le monde rural, ou la patrie, la tradition et
la foi.
Aujourd’hui, tous les sujets sont abordés, c’est cela qui a changé, et
les improvisateurs sont scolarisés, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Mais les valeurs restent les mêmes. Un improvisateur se doit de lire la
presse.
Celui qui ne se tient pas au courant peut se trouver en difficulté par la
suite. Il faudrait également lire des livres, et travailler à partir des
anciennes improvisations.
C’est ce que nous faisons en classe d’improvisation : nous étudions la
façon dont les anciens utilisaient les métaphores, pour apprendre à former
nos idées"
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